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L'agriculture durable en quelques mots


Introduction à l'agriculture durable

 L'agriculture durable s'impose comme un mouvement alternatif à l'agriculture productiviste. Cependant c'est un terme trop large pour se satisfaire de cette définition. Dans cet article nous allons préciser ce qu'est l'agriculture durable, ses diverses formes d'expressions et d'institutionnalisations. Préciser aussi son encrage historique, développer les revendications identitaires et éthiques que ces systèmes de productions agricoles portent.
  En s'intéressant aux enjeux de l'agriculture durable nous allons voir comment cette nouvelle pratique sociale alternative permet de repenser à la fois les systèmes de productions agricoles en profondeur et la manière de consommer.
  De façon plus générale nous allons appréhender les dynamiques de notre rapport à la Nature. C'est à dire la manière dont la production et la consommation de produits alimentaires durables transforment le statut de l'environnement dans notre société, car ces nouvelles pratiques revendiquent une construction d'un Avenir plus réfléchit, où la conscience écologique prime sur le productivisme. Des enjeux qui se trouvent au cœur des débats sociétaux de notre époque. En effet le regard porté sur l'agriculture durable se doit de prendre en compte les modalités de l'action des Hommes sur la Nature. Car l'agriculture durable revendique un rapport particulier, plus respectueux à l'environnement. C'est ce rapport à la Nature, englobant diverses formes d"interactions entre les acteurs (consommateurs et producteurs) et leur milieu naturel, qui fait la force de l'agriculture durable. Et qui transforme en profondeur les frontières entre la société et l'environnement, qui sont profondément encrées dans l'imaginaire social.

  De façon générale l'agriculture durable s’institutionnalise sous une pluralité de formes; associations paysannes, magasins de producteurs, marchés de producteurs locaux, locavores... Ce qu'elles ont en commun; cette notion de "circuit court", c'est à dire que l'activité de production et de consommation se fait au seins d'une air géographique restreinte (le consensus de distance étant de 80 à 100 km). Le circuit court de distribution permet, le plus souvent, la vente directe entre le producteur et le consommateur, ou bien via un intermédiaire maximum. Une proximité donc qui découle d'initiatives citoyennes, c'est à dire que l'institutionnalisation de l'agriculture, quelque soit la forme de l'entreprise, est initiée par des particuliers, soit un collectif (regroupement de producteurs) soit familiale. Cet mise en réseau des agriculteurs témoigne d'une figure singulière du Politique, qui tente de reconstituer et de se réapproprier les espaces publiques, soit le territoire lui même, grâce aux circuits de production et de commercialisations de l'agroalimentaire qui s'inscrivent dans une démarche d'économie solidaire.

  L'émergence des nouvelles formes de distribution que sont les réseaux d'agriculture durable se développent dans les années 1960 en France, époque à laquelle née une conscience écologique. Ces prémices d'une conscience écologique collective sont révélateurs d'une rupture entre les hommes et l'agriculture productiviste. Puis dans les années 80, elles émergent dans la sphère sociale, et se rendent visible grâce au mouvement social paysan du Sud Ouest et le mouvement associatif agricole et rural nommé "la gauche paysanne".

  Les réseaux d'agriculture durable se construisent une éthique et s'émancipent des normes de l'agriculture productiviste. En effet cette dernière est dépourvue d'une finalité humaine et sociale, les savoir-faire sont étouffés par la modernité technologique et laisse les producteurs dans une précarité puisque les marchés mondiaux exigent de rester compétitif face à une concurrence de plus en plus accrue.

  Les réseaux d'agriculture durable quant à eux, dans leur volonté d'émancipation de l'agriculture moderne, replacent l'Homme et l'Environnement au cœur des préoccupations de production et de distribution. De plus ces réseaux mettent en contact les acteurs sociaux, pour faciliter l'accès et le partage des savoirs et des expériences en matière de production et de développement durable. Cette mise en commun des savoirs et des techniques permet la formulation de solutions concrètes pour l'avenir. Cette coproduction d'un environnement durable redonne du sens au système de production alimentaire, redonne un sens au Travail. Et s'inscrit dans une volonté d'un Agir Économique, incluant à la fois le social et la biosphère. Cet Agir Économique reflète l’Éthique et l'Engagement qui motivent les producteurs, et qui se transmettent aux consommateurs.

  Nous l'avons vu l'agriculture durable s'inscrit dans une démarche de "relocalisation" des productions agricoles (circuits courts). Cette volonté de relocaliser la production, permet la construction des caractères identitaires des aliments. On parle souvent de terroir, mais on peut aussi parler de typicité régionale (AOP, AOC). Les aliments sont investis d'une valeur matérielle et immatérielle. Cette construction qualitative des aliments dépend des matières premières et des aptitudes du producteur (savoir-faire, technique, outils, innovation, originalité) et découlent aussi des attentes explicites et implicites des consommateurs (phénomène de réciprocité: producteurs et consommateurs s'influencent réciproquement).

  Regrouper en communautés les producteurs valorisent ainsi les ressources locales des régions et satisfont à la fois leurs besoins et leurs attentes en matière de production agro-écologique mais aussi leurs conditions de travail. Ils satisfont aussi les besoins et les attentes des consommateurs à la recherche d'une qualité alimentaire, d'une transparence et d'un sens à la consommation.

Mélissa CURRAO, 
formation en anthropologie culturelle et journalisme 



Pour citer l'article:
Mélissa CURRAO, L'agriculture durable en quelques mots " Introduction à l'agriculture durable", in Seiko et la cuisine durable, 2018

Sources:

Estelle Deléage, « Paysans, de la parcelle à la planète. Socio-anthropologie du Réseau d’agriculture durable », Paris, Syllepse, 2004, 245 pp.

Aurélie Merle, Mathilde Piotrowski, « Consommer les produits alimentaires locaux, comment et pourquoi ? » Working paper serie RMT, 2011 , 26 pp 

Philippe Prévost, Mathieu Capitaine, François Gautier-Pelissier, Yves Michelin, Philippe Jeanneaux, Fatiha Fort, Aurélie Javelle, Pascale Moïti-Maïzi, Françoise Lériche, Gilles Brunschwig, Stéphane Fournier, Paul Lapeyronie et Étienne Josien, , «Le terroir, un concept pour l’action dans le développement des territoires», Vertigo, in La revue électronique en sciences de l'environnement, 2014 Volume 14 Numéro 1

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